Par le Dr. Ala Suliman, stagiaire postdoctoral;Morgan Day, coordonnatrice du marketing et des communications; et Brandon Searle, directeur de l’innovation, Centre de recherche en construction hors chantier, Université du Nouveau-Brunswick
La productivité du travail dans la construction a accusé un retard considérable par rapport à celle du secteur manufacturier et de l’ensemble de l’économie mondiale. Ce retard présentait un besoin de progrès technologiques, qui ont été identifiés et reconnus grâce à des améliorations novatrices dans la façon dont nous achetons, construisons, exploitons et entretenons des projets d’infrastructure partout au Canada. Alors que l’industrie a vu l’adoption récente des technologies numériques, il est évident que des conseils efficaces sur la façon de mettre en œuvre et d’adopter de nouvelles technologies et de nouveaux processus sont nécessaires pour naviguer dans le monde en constante évolution des technologies numériques. Inspiré par cela, le Centre de recherche sur la construction hors chantier (OCRC) de l’Université du Nouveau-Brunswick (UNB) a lancé une feuille de route de recherche sur la numérisation dans l’espoir de comparer le niveau actuel d’innovation technologique dans l’industrie de la construction. À la fin, l’objectif de ce projet est de mettre en valeur le potentiel des nouvelles technologies, d’aider les leaders de l’industrie à évaluer leur niveau de maturité actuel, d’identifier les lacunes dans lesquelles leur organisation pourrait s’améliorer et de fournir aux décideurs les outils et les connaissances nécessaires pour prendre des décisions plus éclairées dans leur organisation.
«L’innovation» est un concept qualitatif qui consiste à transformer tout ce qui est nouveau en pratique courante. Les projets de construction, les processus et les technologies émergentes sont complexes, il est donc difficile de mesurer le changement. Un cadre commun peut nous aider à comprendre, mesurer et parler de l’innovation de manière tangible.
Les cadres conceptuels sont souvent des outils utilisés pour stimuler et diriger efficacement les efforts d’innovation. Ils fournissent des modèles mentaux qui tentent de représenter, de simplifier et de clarifier des problèmes complexes du monde réel. Ils aident à comprendre et à raisonner sur les problèmes complexes associés aux sujets qualitatifs tels que l’innovation dans un secteur spécifique.
Les cadres conceptuels peuvent être classés en modèles de classification unidimensionnels et multidimensionnels. Au cours de ce projet, il a été constaté que les modèles de classification multidimensionnelle sont supérieurs et plus adaptés à la modélisation de l’innovation dans la construction. En conséquence, le projet a développé un modèle multidimensionnel pour l’innovation dans la construction. Il s’appuie sur des recherches antérieures et élargit trois dimensions clés que sont la technologie, l’application et l’innovation. Ces dimensions sont représentées dans un espace tridimensionnel qui tente de s’adapter à toutes les applications innovantes liées à la construction de technologies nouvelles ou existantes (diagramme sur la page en regard).
Bob Iger a dit un jour, «la chose la plus risquée que nous puissions faire est simplement de maintenir le statu quo», et cela ne pourrait être plus précis lorsqu’il s’agit d’adopter de nouvelles technologies et de nouveaux processus dans une industrie. Les technologies évoluent et se réinventent constamment, ce qui signifie que la cartographie ou la classification des technologies existantes en fonction de leur application, de leur intelligence, de leurs résultats ou de tout autre aspect deviendrait rapidement obsolète. Dans cet esprit, il était essentiel de prendre en compte le monde dans lequel «réside» la technologie, qui pourrait être adoptée, et légèrement modifiée, à partir du système de classification des technologies de l’Industrie 4.0:
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Avec la même analogie, les applications technologiques peuvent être modélisées en fonction de divers aspects tels que le cycle de vie de la construction et la chaîne de valeur. La feuille de route de la numérisation propose une nouvelle combinaison de trois phases de gestion qui sont subdivisées en cinq niveaux de gestion.
La mesure des concepts qualitatifs, tels que l’innovation, est également difficile à quantifier. En revanche, les évaluations basées sur la maturité sont une méthode qui permet aux chercheurs de mesurer la maturité (ou le niveau d’acceptation) d’un concept qualitatif. De plus, lorsque le modèle est appliqué pour mesurer l’état actuel (référence); il fournit, par nature, la base pour créer une feuille de route (état souhaité) à travers l’identification des écarts de maturité. Par conséquent, le projet de recherche a dû créer une méthode pour mesurer l’innovation à l’aide d’échelles basées sur la maturité. Pour ce faire, la recherche a examiné deux domaines distincts dans lesquels l’innovation se produit: la maturité de la recherche (ou publications universitaires) et les niveaux d’acceptation de l’industrie (par le biais d’enquêtes). En pratique, ce cadre permettra aux chercheurs et aux praticiens de connaître leur niveau de maturité actuel, par exemple: 15% des projets de construction utilisent le cyber-physique (par exemple, la réalité augmentée) pour la collaboration (par exemple, les personnes) pendant la phase d’exécution.
Parallèlement à la feuille de route de la numérisation, l’OCRC finalise une feuille de route de la construction industrialisée dans l’espoir de comparer la maturité de la construction industrialisée à travers le Canada. Dans une prochaine étape, l’OCRC vise à inciter les partenaires de l’industrie à élargir l’utilisation des cadres développés en comparant l’acceptation de la technologie numérique dans la pratique de l’industrie et en faisant progresser l’adoption de technologies nouvelles ou existantes grâce à des efforts de recherche et développement.
